Témoignages
Imane, 36 ans, tient un salon de beauté "Trésors de la nature" (Rabat, Maroc)
J'ai ouvert mon salon de beauté pour vendre et proposer des soins avec des produits issus du Maroc. J'y produits des huiles élaborées par moi-même d'après les recettes de ma grand-mère qu'elle m'a transmises quand j'avais 12 ans. D'abord, j'ai commencé à travailler de chez moi. Ensuite, après avoir suivi des formations, j'ai décidé d'ouvrir mon salon. Il y a 6 ans, j'ai a pris donc mon premier prêt de 3 000 Dirhams avec lequel j'ai acheté une machine pour extraire de l'huile. En plus de ne plus être obligée d'utiliser mes mains à cet effet, j'ai gagné en productivité !
Je suis très heureuse de pouvoir accueilli les clientes dans ce local et non plus chez moi devant mes enfants. Avec le dernier prêt, j'ai acheté davantage de matières premières pour participer au grand Salon de l'agriculture à Mèknes où j'ai pu présenter et vendre mes produts. C'est d'ailleurs mon institution de microfinance qui m'a poussée à m'y présenter et m'a même financé mon déplacement. L'IMF m'a permis aussi de suivre des formations en marketing et en gestion financière.
Ma vision à long terme, c'est d'acheter un local et de proposer davantage de soins esthétiques à mes clientes.
Mohamed, 49 ans, tient une échoppe dans un souk (Casablanca, Maroc)
Depuis 2005, je tiens un stand avec ma femme dans ce souk au centre de Casa. On y vend des fruits secs, des noix, et des épices colorés. En 2008, j'ai emprunté mon premier microcrédit d'un montant de 5 000 Dirhams, que j'ai renouvelé 2 fois (pour 10 000 et pour 15 000 Dirhams). Grâce à ces prêts, j'ai pu investir dans la fourniture de mon stand. Ma femme souhaite également se concentrer sur l'organisation des cérémonies de mariages, donc nous avons récemment ajouté l'offre de ces produits dans notre échoppe. La responsable de l'agence de notre IMF, qui nous a accordé le crédit, vient nous voir régulièrement. C'est devenu une de nos clientes habituelles !
Louer un stand dans le centre de Casa coûte cher. Un jour, nous aurions aimé ouvrir un vrai magasin à nous.
Fatima, 55 ans, couturière pour les robes de mariage et accessoires (Casablanca, Maroc)
J'ai ouvert ma boutique "Haja Fatima Space" il y a 3 ans dans un quartier populaire de Casablanca. Grâce au microcrédit initial de 10 000 dirhams (900 €), j'ai pu acheter des tissus et des accessoires. Avec le 2ème, j'ai emménagé dans ces locaux et investi dans 3 machines à coudre. Aujourd'hui, je suis sur mon troisième prêt de 25 000 dirhams (2 200 €) pour acheter des cadeaux de mariage, très recherchés par mes clients. Au Maroc, un mariage est une célébration très importante et une mariée porte entre 3 et 7 tenues au cours de la cérémonie et donc la vente et le prêt de robes fonctionne très bien. Depuis quelques mois, j'ai même pu employer Kawtar, une jeune apprentie, pour m'aider avec les clients! Je rêve d'ajouter une coiffure pour compléter mon offre de services de mariage!
Ana Senyolo, travaille en restauration à Matoks (Afrique du Sud)
Small Entreprise Foundation (SEF) est une institution de microfinance sud-africaine qui soutient les femmes vulnérables en milieu rural depuis 26 ans. Cette institution reçoit aujourd’hui le soutien de LMDF et ADA.
A 52 ans, Ana vit dans un village proche de la ville de Polokwane dans une grande maison avec son petit fils. Elle s’y est installée en 1988 afin de profiter du dynamisme économique de la zone et de lancer son activité de restauration rapide.
Ana avait commencé par une activité de couture qu’elle rapidement abandonné car les revenus étaient insuffisants pour payer les dépenses familiales qu’elle assume seule, son mari étant décédé il y a plus de 25 ans. Elle a alors décidé de se lancer dans la vente de plats à emporter principalement à base de poulet. Aujourd’hui, Ana est en charge de préparer les plats à son domicile avec l’aide de deux employées. Son petit fils et une autre employée sont responsables des ventes dans un petit local au bord de la route. Une centaine d’assiettes par jour sont vendues.
Ana est cliente de SEF depuis 15 ans. Les financements qu’elle a obtenus de l’institution de microfinance lui ont permis d’acheter les matières premières nécessaires pour son activité en quantité plus importantes, à un prix de gros plus avantageux. Au début, Ana empruntait des petits montants (entre 100 € et 1 000 €) au sein d’un groupe solidaire avec quatre autres femmes. Au-delà du service financier offert par SEF, Ana témoigne avoir rejoint le groupe solidaire pour trouver du lien social et recevoir des conseils d’autres femmes entrepreneuses comme elle. A présent elle emprunte seule des montants plus élevés (entre 3 000 € et 6 000 €) qu’elle utilise pour acquérir ou renouveler des équipements tels des congélateurs ou encore une voiture pour s’approvisionner plus rapidement.
Le restaurant rapporte à Ana environ 800 € chaque mois. Ces revenus lui ont permis de renouveler toute la toiture de sa maison et d’épargner en prévision de l’ouverture d’un nouveau point de vente en bord de route dans un village voisin en 2018.

Une offre en conseil et en financement durable pour les IMF
Via un fonds d’investissement à vocation sociale, ADA dispose de solutions de financement pour les institutions de microfinance (IMF) dont elles ont besoin pour soutenir leur croissance. Pour ADA, le soutien financier d'une institution s'inscrit dans un partenariat à long terme complété de programme d'assistance technique. Découvrez le portrait des bénéficiaires d'Insotec, une IMF soutenue par ADA et financée par LMDF à hauteur de 1,1 million d'euros en 2018.
Lire la suite
Wendy Medrano Lazo, chargée de projets senior Myanmar chez ADA
Fin 2016, ADA a lancé un projet de structuration et de lancement des activités de l’association professionnelle de microfinance au Myanmar, la Myanmar MicroFinance Association (MMFA). Pour assurer la mise en place de ce projet, Wendy Medrano Lazo, une collaboratrice ADA, a été détachée au sein de l’association située à Yangon, pour une durée initiale d’un an.
Tu es née au Salvador, tu as étudié en France et tu as commencé à travailler au Luxembourg, avec un stage chez ADA. Depuis cette expérience, tu as toujours travaillé dans le secteur de la microfinance. Est-ce que tu penses que le fait d’être née au Salvador t’a donné une vision différente sur l’impact que la finance inclusive peut jouer dans des contextes difficiles ?
Oui certainement. Cela m’a aidée à avoir une vision très exigeante. Je pense que dans les contextes difficiles les gens se débrouillent et inventent les moyens pour s’en sortir par eux-mêmes. Pour avoir un impact sur les vies de ces personnes, il ne suffit pas d’offrir un crédit fait sur-mesure, mais il faut trouver les moyens d’assurer la pérennité de leurs activités.
Au cours de ton expérience professionnelle, tu as eu l'opportunité de travailler en étroite collaboration avec le monde de la finance inclusive en Afrique, en te consacrant aux réseaux de microfinance. À ton avis, quelle est la principale aide que la microfinance offre aux femmes dans de nombreux pays du Sud?
Je dirais que la microfinance leur donne la possibilité de valoriser leur savoir-faire et leur rôle, notamment dans des sociétés et milieux où la femme est vue et traitée comme étant inférieure. Dans beaucoup de pays, la microfinance a donné la priorité aux femmes pour faire en sorte qu’elles aient une voix et un espace pour exprimer leurs besoins et leurs ambitions. L’accès à des services financiers facilite l’engagement des femmes dans des activités génératrices de revenus, dans l’optique de pouvoir améliorer leur niveau de vie et celui de leurs familles. Ceci est d’autant plus vrai dans le monde rural souvent dominé par les hommes. C’est une porte vers l’autonomie.
À l'heure actuelle, tu es en train d’apporter les connaissances et l'expérience de ADA au Myanmar à travers un projet qui vise à construire le réseau des institutions de microfinance dans le pays. Qu'est-ce que cette expérience est en train de te donner : quels sont les enseignements les plus importants que tu ramèneras avec toi ? Et quelle est à ton avis la contribution la plus importante que ADA offre au pays avec ce projet ?
Je pense que l'un des grands atouts du Myanmar est son capital humain duquel personnellement j’apprends tous les jours. J’apporterais donc avec moi la richesse et la fierté de ses multiples cultures, ainsi que le sens de la solidarité des gens. Ceci étant, le respect de la diversité et l’inclusion sont primordiales pour favoriser le développement du pays et l’inclusion financière en fait partie. ADA est en train d’y contribuer à travers la professionnalisation de l’association nationale des institutions de microfinance du pays (MMFA), qui représente 170 institutions de microfinance servant presque 3 millions de personnes au Myanmar. Cette association joue un rôle central dans la création de capacités du secteur, la coordination des acteurs et l'élaboration d’un cadre règlementaire adapté. Notre plus grande contribution sera d’avoir structuré et développé les activités de MMFA, d’avoir formé une équipe locale capable d’assurer la gestion de l’association et d’avoir facilité la coordination et les partenariats avec d’autres organisations de soutien présentes dans le pays afin d’assurer une utilisation efficace des financements.
Depuis cette interview, Wendy a quitté le Myanmar. Elle est à présent installée au Cambodge.
Les perles de Fabienne
Fabienne Bossa est une jeune entrepreneuse de Ouidah, une petite ville à 40 km de Cotonou, la capitale économique du Bénin.
Elle confectionne avec ses 5 apprentis des objets en perles tels que des sacs, des pochettes, des chapeaux, des chaussures, des bijoux et autres accessoires. Fabienne va se former régulièrement au Nigeria dont la frontière se trouve à quelques kilomètres.
Pour monter son atelier, elle a eu recours à un prêt individuel auprès de l’institution de microfinance COMUBA (Coopérative des Membres Unis Bethel Actions), une institution partenaire de ADA et financée par le Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF). Pour le moment, elle est considérée comme une cliente individuelle, mais elle pourra bientôt bénéficier d’un statut entreprise.
La tisserande de Ouida
Yvonne Sossa possède son atelier depuis plus de 10 ans. Avec ses 6 apprentis, elle confectionne des pagnes sur commande grâce à ses 3 métiers à tisser.
Elle a un crédit auprès de l’institution de microfinance COMUBA (Coopérative des Membres Unis Bethel Actions). Cette institution est partenaire de ADA et est financée par le Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF).
Yvonne a déjà fait plusieurs crédits auprès de l’intuition depuis ses débuts. A ce jour, elle a un crédit ordinaire qui octroyé aux femmes. Pour en bénéficier, elle doit faire partir d’un groupement de femmes (entre 3 et 35 membres), que lui permet d’avoir des conditions spéciales pour obtenir le prêt, comme la possibilité de ne pas avoir de garantie à fournir.
Pour les prochaines années, elle souhaiterait acheter un terrain et construire son atelier dans son habitation.
Mme Komalasari de Jakarta, Indonésie
Avec sa petite machine à coudre, Mme Komalasari, une femme indonésienne de 56 ans, était connue pour faire les retouches dans son village. Un jour, en préparant le petit-déjeuner, elle a eu l’idée de commencer à réutiliser les petits sachets de café instantané pour en faire des sacs à main pour femmes. La voilà aujourd’hui connue pour ses créations. Ses voisines lui ramènent même leurs petits sachets de café usagés pour contribuer à son petit business.
Pour démarrer son projet, Mme Komalasari a contracté un prêt de groupe avec 4 autres femmes de son entourage. Aujourd’hui, elle est à son quatrième cycle de prêt avec l’institution de microfinance KOMIDA.
En plus de cette aide au financement, Mme Komalasari a bénéficié de formations d’éducation financière, ainsi que de campagnes de sensibilisation organisées par l’IMF KOMIDA.
Le tissu du Laos
Ammala Vilayvong est une tisseuse de 56 ans qui a ouvert son atelier en 2010 à Thaphasat District, dans la région de Bolikhamxay au Laos. Elle y vend des tissus traditionnels pour confectionner des vêtements, généralement des robes, ainsi que des écharpes et des nappes. Elle a appris le métier très jeune auprès de sa famille.
Pour monter son atelier, Ammala a contracté un premier crédit individuel de 3 000 000 LAK (290€ environ) en 2010 auprès de l’IMF Women Family Development Fund (WFDF), principalement afin d’acheter son matériel. Elle travaille avec sa belle-fille et a déjà formé plus de 20 personnes au métier de tisseur
Amel Guelmane, Tunisie
Amel a démarré son activité de création et de vente de bijoux, vêtements, foulards, peinture sur soie et céramique en 2005. Elle emploie aujourd’hui 2 personnes.
Avant de bénéficier de son premier crédit, Amel a suivi les formations que l’institution de microfinance Taysir proposait en éducation financière et en budgétisation pour la gestion de sa petite entreprise. Elle a ensuite bénéficié d’un microcrédit pour acheter c-ses matières premières et agrandir son atelier et son local de vente. À ce jour, Amel en est à son troisième crédit avec un montant toujours croissant ; elle avait contracté un premier crédit de 2 500 dinars, puis de 4 500 dinars et le dernier en cours de 7 700 dinars.
Ce qu’elle apprécie le plus chez Taysir est l’accompagnement et le conseil que lui offre l'IMF dans la gestion de son entreprise.
Lors de la dernière grande Foire du Kram, qui a lieu une fois par an à Tunis au mois d’avril, Amel a vendu beaucoup de bijoux et bien plus qu’elle ne l'imaginait. Le succès de ces ventes l’a persuadée d’élargir sa gamme de produits et son stock. Elle s'imagine déjà que le prochain crédit sera consacré à son atelier et envisage peut-être d'embaucher une à deux personnes supplémentaires.

À quoi sert le microcrédit ? L’exemple de la communauté de Mishkiyaquillo
ADA a suivi une communauté qui a bénéficié de l’aide de ADA à travers un financement de LMDF.
Besema Hamami, Tunisie
Besema a rencontré les banques au démarrage de son activité : un atelier de couture. Pourtant, aucune n’a voulu l’aider, car elle ne possédait aucun matériel et n'avait rien à offrir en garantie. Sur les conseils d'une amie, Besema s'est rendue à la Banque Tunisienne de Solidarité qui lui a octroyé un seul crédit pour l’achat de ses machines à coudre ; rien en revanche pour l’achat de ses tissus.
Grâce à Taysir, Besema a contracté un premier crédit de 12 mois en 2015, puis un second en 2016 sur 15 mois, chaque fois destinés à l’achat de tissus et de matières premières pour son atelier de confection et ses accessoires de mode.
Besema a également suivi toutes les formations pour la gestion d’entreprise qu’offre Taysir. Elle apprécie particulièrement l’accompagnement et le suivi qui lui est offert par l'IMF depuis 2015 à la suite de son premier microcrédit.
Elle emploie aujourd'hui 4 personnes au sein de son atelier.
Mohamed NADI, Responsable Programme Micro assurance, AXA Assurance MAROC
Il a suivi la formation sur les indicateurs de performance en Microassurance, du 29 septembre au 1er octobre 2015 au Centre Mohammed VI de soutien à la Microfinance solidaire à Casablanca, Maroc. Cette formation a été créée et est organisée par ADA et BRS.
Qu'avez-vous retenu de la formation ?
"Le contenu de la formation était très riche et bien ciblé, les supports et les études de cas traités lors des ateliers m'ont permis de développer mes connaissances et réflexes sur les techniques d’évaluation de la performance et la rentabilité d’un programme en micro-assurance.
Les échanges et les débats menés par les participants des deux secteurs microfinance et assurance étaient très intéressants et constructifs, ce qui m’a permis de capitaliser sur les expériences des autres organismes dans le domaine de la micro-assurance.
Un grand Bravo à l’équipe de formation ! L’expérience terrain de la formatrice associée à sa qualité pédagogique a permis un transfert de connaissances efficace et adapté aux attentes des participants."
Rojoniaina, participant à la formation des formateurs
Rojoniaina a suivi une formation de formateur en décembre 2014 à Antananarivo sur l’analyse financière, cours élaboré par le CGAP.
Quelles ont été tes motivations pour suivre cette formation de formateurs sur l’analyse financière ?
"J’ai déjà donné des formations en interne aux directeurs d’agence, mais j’avais besoin d’une formation pour consolider mes connaissances techniques et pour m’aider à mieux m’exprimer à l’oral et transmettre mes idées. Après en avoir parlé avec mon directeur général, il m’a proposé de participer à cette formation et l’institution a financé mes frais d’inscription."
Quel est ton avis sur la formation ?
"Il s’agit d’un investissement personnel car il y a de nouveaux éléments à comprendre, mais cela donne une ouverture d’esprit sur l’analyse financière. De plus, au niveau personnel, la formation m’a aidé sur la manière de faire passer des idées, la maîtrise de parler devant un public et la connaissance de soi."
Basile Kouagou N'Dah, formateur Microfact
Coulibaly Modibo, Directeur général de Nyèsigiso
"Pour lancer le projet de valorisation de l’épargne migratoire, qui consiste à mobiliser l’épargne des migrants pour financer leurs besoins et ceux de leur famille, il fallait d’abord identifier les ressources de notre propre institution mais aussi trouver des partenaires qui puissent apporter le soutien financier et technique nécessaire. Je pense qu’à ce niveau, ADA joue un rôle de catalyseur très important."
Réki Moussa Hassan, Directrice générale de ASUSU, Niger
"ADA est notre partenaire depuis bientôt 5 ans et nous apprécions cette relation parce que ADA appuie les IMF dans leur professionnalisation, elle met à notre disposition des outils, elle assure le renforcement des capacités. Cela fait deux ans que, grâce à l’appui de ADA, on a pu recevoir du financement du fonds LMDF, ce qui est une très bonne chose aussi. Ce fonds nous a financés en dette, ce qui nous a permis d’appuyer l’offre de services en milieu rural et de manière spécifique aux droits des femmes."
Engracia, boulangère au Cap-Vert, témoigne de son expérience de micro-entrepreneur
«Je m’appelle Engracia et je vis à Tira Chapéu, l’une des communes de Praia, la capitale du Cap-Vert.»
J’habite avec mon mari José et nos cinq enfants. Nous avons aménagé une petite boulangerie au premier étage de notre maison. Nous fabriquons des « bolachas », des biscuits secs typiques de notre région.
Des débuts difficiles
Au début, nous n’avions qu’un seul four et nous n’avions pas de personnel. José était très fatigué parce qu’il se chargeait de toute la fabrication des biscuits et de la vente en ville. Il devait y aller en bus et à pied. Nous n’avions pas beaucoup de revenus et il fallait toujours attendre d’avoir vendu tous les biscuits pour pouvoir acheter les ingrédients pour une nouvelle production. C’était compliqué à gérer.
Un jour, un ami de José nous a expliqué qu’il avait agrandi sa petite usine grâce à un microcrédit. Nous avons alors décidé d’essayer de faire la même chose. Un agent de l’institution de microfinance Solmi est venu voir notre boulangerie et nous avons obtenu un premier microcrédit. Avec cet argent, nous avons acheté un deuxième four et un stock de farine et nous avons commencé à fabriquer plus de biscuits.
Des microcrédits pour grandir
Depuis, nous avons obtenu plusieurs microcrédits qui nous ont permis d’agrandir notre atelier, de remplacer notre vieux matériel et même d’acheter une camionnette pour la livraison des biscuits en ville. Nous avons tellement grandi que nous avons engagé quelques apprentis. Aujourd’hui, 8 jeunes travaillent avec nous dans l’atelier. Au début, nous utilisions un sac de 200 kg de farine par semaine. Aujourd’hui, nous utilisons un sac par jour ! Comme nous achetons plus d’ingrédients à la fois, nous les payons moins cher. Le fournisseur nous fait un prix si on achète 10 sacs de farine d’un coup.
Le microcrédit a vraiment amélioré notre vie. Nous avons pu envoyer nos enfants à l’école et José est moins fatigué grâce à la camionnette et aux employés qui travaillent avec nous. José a aussi suivi une formation de gestion des petites entreprises à l’institution de microfinance. Il sait maintenant très bien comment gérer notre boulangerie. Nous nous sentons plus forts et plus libres.
Dans les prochaines années, nous aimerions améliorer nos biscuits en achetant des ingrédients de qualité supérieure. Nous voudrions aussi agrandir encore un peu l’atelier et moderniser le matériel parce que nous cuisons encore avec des fours à bois. Nous voudrions aussi vendre notre production plus loin, en dehors de la capitale et, pourquoi pas en dehors de l’île de Santiago.

Yacouba, un jeune artisan burkinabé crée son activité
Après le rond-point de la Patte d’Oie, le long d’une route en terre rouge typique de Ouagadougou se dresse le modeste atelier de Yacouba Sango. Quatre murs de pierres encerclent deux machines à coudre et une à broder. Mais ne vous méprenez pas, si l’image donne une impression de dénuement, son locataire est loin d’être à court de ressources. Un coup d’œil au carnet de commandes rempli de ce jeune couturier et les quelques clientes qui attendent patiemment qu’il vienne prendre leurs mesures confirment le succès de ce jeune entrepreneur. Yacouba vient juste de fêter son 21e anniversaire.
Pourtant, voici quelques années, personne n’aurait parié sur la réussite de ce petit tailleur illettré. Qui n’a jamais connu les pupitres d’écoliers. Son enfance, Yacouba l’a passée à tailler, il coud et brode toute sorte de tissus moré, en pain, en coton, ou encore en moiré sous les ordres de son oncle et patron.
Pourtant, une dizaine d’années après son entrée à l’atelier, Yacouba se fait aborder sur la place du marché par Isabela, agent de crédit au RCPB, qui lui explique les avantages de s’établir à son propre compte, comment ils peuvent le faire et surtout, comment ils peuvent trouver le financement qui leur permettra de se lancer.
Yacouba bénéficie de l’aide du RCPB et de ADA
Ce financement s’appelle Créd’art, contraction de crédit et de artisan, pour désigner un microcrédit destiné à donner le coup de pouce nécessaire pour lancer son propre atelier, restaurant, salon ou boutique.
Depuis 2008, ce microcrédit spécifique est développé par ADA et le RCPB et testé dans les agences de l’IMF de la capitale. ADA finance la formation et l’accompagnement des jeunes ainsi que l’assistance technique au RCPB. ADA a également mis en place un fonds de garantie pour couvrir partiellement les impayés. Le fonds de crédit est assuré par l’institution de microfinance partenaire, le RCPB.
Quand Isabela, l’agent de crédit, fortement engagée auprès de ses jeunes clients, apprend que Yacouba a déjà passé plus de dix ans en atelier de couture, elle est persuadée qu’elle se trouve face à un artisan expérimenté qui a toute les chances de développer une micro-entreprise fructueuse. Et elle a raison ! Grâce au Créd’art, Yacouba a acheté une machine à coudre d’occasion et a loué les quatre murs qui l’entourent encore aujourd’hui. Petit à petit, le jeune tailleur s’est fait une clientèle grâce à son sérieux, sa minutie et son tempérament agréable.
Alexander, chauffeur de moto-taxi aux Philippines
« Je m’appelle Alexander et je vis à Panay, un village proche de Ozamis, au nord de l’île de Mindanao.»
J’habite une petite maison de bambou avec ma femme Julie et ma fille Wenelyn qui a 6 ans. Avant, je travaillais comme chauffeur dans une société de taxi et je ne gagnais pas assez pour pouvoir payer l’école de ma fille. En 2010, j’ai pris contact avec la coopérative Gata Daku à Clarin. Ils m’ont proposé un microcrédit pour pouvoir acheter mon propre moto-taxi.
Depuis, je suis chauffeur de moto-taxi indépendant. Je pars travailler tous les matins vers 5h30. Je vais en ville, à Ozamis, et je transporte des clients jusque 18h environ. Je rembourse mon crédit tous les mois. Je m’entends très bien avec les agents de crédit de la coopérative. Quand je les croise en ville, on discute toujours un peu et parfois on prend un verre ensemble. Ils sont très sympathiques.
J’ai maintenant suffisamment de revenus pour les besoins de ma famille et surtout, pour payer l’inscription de ma fille à l’école, ainsi que ses fournitures scolaires. J’ai utilisé mon microcrédit pour acheter mon moto-taxi. Une fois remboursé, j’ai pris un autre microcrédit pour assurer les réparations de mon véhicule. Aujourd’hui, j’épargne l’argent qu’il me reste en fin du mois pour pouvoir assurer l’entretien de ma moto tout seul.
J’aime mon travail et je pense que c’est beaucoup mieux que d’être employé dans un supermarché où les salaires sont très bas. Mon salaire à moi dépend directement de mes efforts. Si je travaille plus tard le soir, je gagne plus. A l’avenir, j’aimerais obtenir un microcrédit plus élevé afin de pouvoir acheter un nouveau moto-taxi. Je voudrais aussi continuer à épargner pour que ma fille puisse continuer à étudier quand elle sera plus grande.